La cocréation… un mot qui semble simple mais qui ne l’est pas!

[ REPUBLICATION ]
Comprendre qu’il est impossible d’évoluer sans les autres, sans prendre le temps d’écouter la perspective de l’autre, sans prendre le temps de partager la sienne.

Ce que la cocréation n’est pas

D’abord, j’ai envie de commencer par vous partager les erreurs fréquentes que je rencontre en cocréation. Ce qui n’est pas de la cocréation, mais qui s’en déguise souvent. La cocréation n’est pas un simple travail d’équipe, une simple collaboration où chacun apporte son chapitre à un tout. La cocréation ne se limite pas à rassembler des gens de différentes expertises autour d’une table. Concrètement, ces erreurs prennent les formes suivantes :

  • On a un document, un projet à faire et on se partage la tâche. Chacun fait son bout et une personne s’occupe d’unifier le tout.
  • On rassemble des gens qui n’ont pas envie d’être là et on les force à collaborer.
  • Une personne dans une position hiérarchique qui exige d’une personne « sous » lui de cocréer un projet sans avoir pris le temps d’écouter sa perspective et vice versa. Ça peut être dans une relation gestionnaire/employé, professeur/étudiant, médecin/patient, etc.
  • Une personne qui accepte de collaborer à un projet mais qui ne s’investit pas, qui en fait le moins possible, qui ne partage pas ses idées, qui ne se présentent pas aux réunions, sous prétexte qu’elle est surchargée ou que ses idées n’ont pas de valeur.

Les ingrédients de base à la cocréation

La cocréation exige des ingrédients de base indispensables. Cette notion qu’il n’y a pas un humain plus important qu’un autre autour de la table, déconstruire cette notion de hiérarchisation des humains qu’on nous a malheureusement trop longtemps enseigné. Et je ne parle pas ici des structures organisationnelles hiérarchiques! Ce rapport d’égalité peut très bien s’installer dans des rapports hiérarchiques organisationnels. La cocréation nait de la confiance. Plus la confiance est là, plus la richesse de la cocréation sera grande. La confiance est le feu de la cocréation. Mais qu’est-ce qui freine cette confiance? L’opposé de la confiance c’est la peur. La peur de l’autre. Cette peur de l’autre qui nait de notre peur d’être soi-même, de ne pas être à la hauteur. Et le réflexe premier face à la peur : le contrôle. Alors comment détecter des problèmes de confiance dans une équipe de cocréation? Par ces gestes de contrôle, ces personnes qui veulent prendre le dessus sur les autres ou à l’inverse, ces personnes qui se taisent par peur de perdre le contrôle. Ces opposés ont comme source la même peur.

Mais alors comment installer cet état de confiance dans une équipe de cocréation? Comment arriver à lâcher prise, à laisser tomber nos peurs? D’abord en reconnaissant la peur en nous. En prenant cette responsabilité individuelle. En reconnaissant que nos choix individuels ont des impacts collectifs. On me dit souvent : « Marilou, j’aimerais beaucoup cocréer avec confiance dans mon équipe, mais les autres ont tous peur. Je n’ai pas le contrôle sur les autres! Et leur peur me fait peur! ». Et voilà un beau cercle vicieux qui s’installe. On attend après les autres pour avoir le courage de laisser tomber nos peurs et les autres font la même chose. La cocréation demande donc une dose minimum de courage et responsabilisation.

La cocréation exige l’humilité et l’acceptation de notre vulnérabilité individuelle et collective. Et de finalement comprendre que nous sommes tous dans le même bateau. Un gestionnaire qui contrôle est souvent nourri par la peur de ne pas être à la hauteur de son propre gestionnaire. Un employé qui se tait est nourri par la peur de ne pas être à la hauteur de son gestionnaire. Un professeur contrôle ses étudiants par sa peur de paraître incompétent et des étudiants n’osent pas partager leur perspective par peur d’être jugé. Un médecin contrôle ses patients par peur de perdre sa crédibilité de médecin et un patient n’ose pas partager sa perspective par peur qu’elle n’ait pas de valeur.   

Et curieusement, cette vulnérabilité qu’on a tous en commun se confronte aussi souvent à l’idée qu’on croit posséder la vérité. On ne perçoit pas nos biais inconscients qui produisent du « faux » en nous alors on ne les prend pas en considération. Quelqu’un qui pense contraire à nous est ainsi automatiquement quelqu’un qui a tort. Cette personne devient ainsi une menace.

Et si la peur engendre la peur, la confiance ne peut-elle pas engendrer la confiance? Et si on faisait confiance à cette idée 😊 Et si ensemble, on décidait de baisser nos armes. Accueillir l’autre avec confiance en commençant par s’accueillir soi-même dans cette confiance. Reconnaître cette difficulté à s’accueillir. Exprimer cette émotion de peur qui bloque la confiance en nous. Laisser sortir cette émotion de nos corps par des moyens sains. Prendre le temps de guérir tout ça à l’aide des autres…

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Autrice: Marilou Bourque - praxis.encommun.io
Photo de Hannah Busing sur Unsplash
 

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